« Il travaille volontiers à leur bonheur, mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre. »

Ici, Alexis de Tocqueville établit une comparaison intéressante entre le pouvoir politique et la puissance paternelle. En effet, leur rôle est similaire en tant que le pouvoir politique conduit le peuple au bonheur, de même qu’un père amène son enfant à ce que l’auteur appelle « l’âge viril ».

Comment les régimes politiques influencent-ils le bonheur du peuple ?

Un système démocratique qui divise.

Selon Abraham Lincoln, « la démocratie est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Aujourd’hui, les politiques sont persuadés d’avoir trouvé le meilleur régime, ou du moins, le moins mauvais des régimes, à savoir la démocratie. Mais ce système regroupe beaucoup de défaillances qui mettent en danger le bonheur du peuple.

La démocratie confère de nombreuses libertés aux individus, notamment la liberté de penser, la liberté d’expression etc. En France, le système démocratique permet à la société de se développer de manière autonome, cependant guidée par un pouvoir politique en place, à l’écoute du peuple.

La démocratie permet une diversité de l’opinion publique. Cela est remarquable notamment lors de chaque élection, où les citoyens doivent choisir un parti politique parmi une multitude. Cette multiplication des partis, observable depuis le début de la 5e République, permet aux citoyens d’être représentés, mais également de se forger une culture politique afin de mieux comprendre les fonctionnements du système.

Pourtant, parallèlement à l’augmentation des partis, on observe un phénomène de bipolarisation de la société. Cela s’explique en France par la prédominance des deux partis suivant, à savoir le Parti Socialiste et Les Républicains. Ce phénomène divise la société sur des sujets divers, c’est pourquoi, en France, les citoyens tentent de trouver une alternative à ce bipartisme caché.

En se tournant vers des partis plus petits et plus convaincants, la société pense avoir trouvé une solution. En effet, se trouvant éloignée de la vie politique, les citoyens sont aujourd’hui séduits par les discours contestataires et réactionnaires de ces néo-partis. C’est ce phénomène que les sociologues et politologues appellent le populisme. S’estimant mieux représentés, les individus développent un sentiment de bonheur, mais ne serait-ce pas qu’une illusion ? En ce sens, le bonheur ne serait-il pas éphémère ?

Le totalitarisme comme illusion du bonheur.

« Les mouvements totalitaires avaient moins besoin de l’absence de structure d’une société de masse, que des conditions spécifiques d’une masse atomisée ».

Dans son ouvrage Le système totalitaire, Hannah Arendt nous livre sa vision du totalitarisme et de la violence qui en ressort. Ici, on remarque que la division d’un peuple est un outil favorable à l’instauration et au développement d’un régime autoritaire, puis totalitaire.

 

Dans la partie précédente, nous avons remarqué que le populisme intervenait la plupart du temps lorsque le peuple était divisé, notamment sur le plan politique. Mais cette division, dans un premier temps, est liée à des problèmes d’ordres sociaux (inégalités), qui sont appréhendés par les dirigeants politiques. Les gouvernements vont alors utiliser des discours populistes pour convaincre la masse.

 

Les citoyens se sentent donc plus heureux dans la mesure où ils sont accompagnés dans des problèmes auxquels ils sont directement confrontés. Mais dès lors que la masse a confiance en ses représentants, on peut craindre un surplus d’autorité de la part de ses dirigeants, s’estimant leaders du peuple.

 

Les risques sont grands. En effet, le premier risque est de voir le dirigeant octroyer une partie de la liberté au peuple, sans même que ce dernier ne se rende compte de cette perte d’autonomie. Les discours populistes de Donald Trump qui ont séduit la masse lors des élections de novembre 2016 permettent à l’homme politique de bénéficier de la confiance de ses électeurs. Cela peut être à craindre dans la mesure où le nouveau Président des Etats-Unis envisage certaines mesures radicales, notamment sur le plan sécuritaire.

 

Or, comme le dit Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux ». Bien que cette citation pose la question de l’objectivité et de la neutralité, elle est intéressante dans la mesure où l’on comprend que le but d’une société est la recherche du bonheur par le biais de sa liberté.

 

Si l’on rapporte cela au cas de la Corée du Nord, on comprend donc que le peuple nord coréen ne pourra être réellement heureux tant qu’il sera dominé par un chef charismatique, au programme ultra sécuritaire et empêchantant toute forme de liberté. Cette situation est complexe, puisque les habitants du pays, éloignés du système mondial, s’estiment heureux dans la mesure où le pays se trouve en sécurité. Mais en ce sens, le bonheur ne serait-il pas illusoire et éphémère ? Comment est-il possible que le bonheur du peuple se soit construit dans une atmosphère de terreur ? Sans doute à cause des discours populistes précédant les élections législatives de 1948 en Corée du Nord, puis la pérennisation d’un régime totalitaire par les descendants de Kim Il-Sung.